Hier soir nous avons passé une soirée très sympa au refuge de Roya, tenu par un jeune, Lionel, qui nous a préparé une soupe au pistou et des lasagnes maison. A la fin du repas, il a sorti sa guitare et avec un groupe de randonneurs que nous croisons depuis Larche, nous avons entonné quelques chansons dans une ambiance bon enfant. Quand nous sommes allés nous coucher vers 22h30, l'orage grondait et il tombait des trombes. Comme nous avions le coeur léger de dormir au refuge !
Ce matin le temps est toujours bouché, avec de gros nuages gris sur les sommets. Cela préfigurait bien la journée qui allait suivre, et où nous avons tout connu au niveau météo : Automne, hiver, printemps et été.
Nous avons débuté par une belle montée le long d'un ruisseau entrant dans le parc du Mercantour, et qui se termine (commence serait plus juste) en haut par des gorges et des chutes d'eau plongeant de quelques dizaines de mètres. Après avoir franchi le cours d'eau, nous sommes montés au travers d'un alpage, où nous avons d'ailleurs croisé un troupeau de moutons. Un peu plus haut à la bergerie (1955m), nous avons appris que ce troupeau compte 2200 têtes.
Tandis que nous poursuivions notre montée, les sommets se chargeaient de plus en plus de nuages gris foncé. C'était l'automne. Après avoir franchi une barre rocheuse (barre de Salle vieille), nous avons croisé un autre troupeau avec quelques chèvres dont les cornes étaient les plus impressionnantes que nous n'ayons jamais vues. Peu après, alors que la pente se faisait encore plus raide, la pluie puis le grésil se sont mis à tomber. Il faisait de plus en plus froid.
Arrivés au Col de Crousette (2480m), nous avons encore grimpé en direction des crêtes, et là, c'est carrément l'hiver qui s'est abattu sur nous avec une tempête de neige. Quand nous avons atteint la Stèle Valette (2587m), Le flanc du Mont Mounier était couvert de neige. Dommage que nous n'ayons rien vu, car il paraît que par temps clair on voit la mer et même la Corse ! Nous ne nous sommes pas arrêtés, même après 3h30 de montée pénible, tant le froid et le vent étaient pinçants.
Nous avons alors traversé un paysage lunaire en faible descente, durant un long moment au milieu des brumes. On n'y voyait ni à gauche, ni à droite, ni devant. C'était peut-être beau, en tout cas le nom de l'endroit est assez évocateur « Mont Démon ». Nous sommes parvenus au col de Moulinés (1982m). Nous avons constaté au travers d'une petite trouée de nuages que les montagnes derrière nous étaient blanches de neige. Derrière le col, nous nous sommes posés quelques minutes le temps d'avaler notre déjeuner, car jusque là impossible de trouver le moindre endroit propice. Hélas les nuages froids, nous ont forcé à abréger notre déjeuner et à reprendre notre chemin, cette fois en forte descente.
Un peu plus bas, miracle, le printemps semblait reprendre le dessus avec une petite trouée bleue au milieu des nuages épais. Puis tout à coup les nuages se sont déchiré en l'espace de 5 minutes, pour laisser place au soleil de l'été. Cela nous a permis d'admirer l'espace d'une montée de 20 minutes jusqu'aux portes de Longon (1952m), les paysages superbes qui nous entouraient et que nous ne soupçonnions pas. Des roches calcaires plantées dans des tapis de verdure, des sommets enneigés, des forêts de sapins vers le fonds de la vallée.
A nouveau le ciel s'est chargé en l'espace de 10 minutes, mais sans pluie cette fois. Sur un plateau en légère descente, un pâturage pour les vaches, nous avons finalement atteint les Vacheries de Roure ou gîte de Longon (1883m) où nous passerons la nuit, tout en priant pour que la météo retrouve le climat de l'été.